II. L'aventure des fusées
Depuis le XIIIième siècle, les Chinois, inventeurs de la poudre à canon, utilisaient des fusées sans le savoir sous forme de feux dartifice. Le principe en était simple : un tube cylindrique qui servait de chambre de combustion était remplie dun mélange explosif de poudre à canon, soufre, salpêtre et de charbon. Une fois enflammé, ce mélange dégageait des gaz chauds vers le sol, ce qui avait pour conséquence le décollage de la fusée. Le principe en était si simple et si complet quil demeure toujours aujourdhui, mais avec des mélanges et une chambre de combustion plus efficaces. Plus tard, cette pratique se développe vers loccident ( Italie, Angleterre ), mais ces derniers sont les premiers à utiliser les fusées à des fins militaires car son vol émet des sifflements impressionnants qui perturbe les troupes adverses.
Il faudra attendre le XIXième siècle et le Russe
Tsiolkovski, pour quand 1883 on se rend compte quune fusée peut servir à explorer
lespace car selon les lois de Newton, le principe daction-réaction
reste vrai dans le vide. Dès lors, la course à la construction de fusées est lancée
pour ne peut-être jamais sarrêter au vu des progrès actuels.
En 1887, le même Russe établie la formule de la propulsion par
fusée : la loi du " rapport des masses ", qui dit que
limpulsion créée est le produit de la vitesse déjection des gaz par le
logarithme du " rapport de la masse de la fusée " (quotient de la
masse au départ par la masse en fin de combustion). De plus, il imagine un mélange
explosif plus performant que la poudre, " le propergol liquide " qui
éjecte des gaz fournis par la combustion de deux liquides : un carburant comme
lessence, et un comburant comme lacide nitrique. Les fusées à plusieurs
étages proviennent également de son imagination, tandis quil prévoit déjà des
stations spatiales habitées, des voyages interplanétaires. " La Terre est le
berceau de lhumanité, écrit-il, mais on ne peut vivre toujours dans son
berceau ". Malheureusement Tsiolkovski était un théoricien et ne put
expérimenter ses découvertes.
Constantin Tsiolkovski (1857-1935)
Cest laméricain Goddard, professeur duniversité, qui sefforcera de construire les premières véritables fusées durant lentre deux guerres. Au début elles ressemblent aux micro fusées que lon construit actuellement en club ou en colonie de vacance. Mais à laube de la seconde guerre mondiale, ses propulseurs atteignent une masse de 200 kg et une vitesse déjection denviron 2000 m/s. Il dépose ainsi plus de 200 brevets.
Pendant ce temps, l URSS met en place divers bureaux détude spatiale à Moscou, et Leningrad (St Peters bourg). Ils mènent les mêmes recherches quaux États-Unis et lancent un peu avant 40 une fusée de 300 kg.
Micro fusée
Cependant,
létape la plus importante ne va pas être franchie par ces nations, mais par la
seconde puissance
économique de
lépoque : lAllemagne. Wernher von Braun, après avoir lancé, avec la
Société pour les voyages spatiaux, une fusée à propergols liquides en 1931, est
sollicité par larmée allemande pour continuer ses travaux en collaboration avec
leurs services. Ses recherches sorientent dès lors vers la construction de
missiles. Il crée ainsi une fusée gigantesque pour lépoque, la V2. Elle peut
transporter une bombe de 1 tonne à plus de 300 km de distance dès 42, ce qui réjouit
Hitler qui commande une série de 4300 V2 pour les lancer contre lAngleterre. Elles
se révéleront cependant inefficaces en l'absence de têtes nucléaires.
Wernher von Braun
La première fusée, la V2
Après 45, c'est la Guerre Froide, qui oppose Américains et Soviétiques, qui les pousse à développer des fusées intercontinentales, capables de transporter sur plusieurs milliers de kilomètres des bombes H de plus de 3 tonnes. Cette course à l'armement et à l'intimidation a permis le développement rapide des fusées spatiales, qui ne sont que des missiles lancés verticalement. Ainsi Américains et Soviétiques vont envoyer des instruments de mesures scientifiques jusqu'à 400 km d'altitude grâce à ces fusées-sondes pour étudier par exemple la haute atmosphère et le rayonnement cosmique. La multiplication de ces vols permit également d'affiner les systèmes de guidage et de télémétrie, ainsi que les techniques de récupération, qui ne permettent pour l'instant que de récupérer que quelques pièces! Mais l'envoi de satellites artificiels demeurait plus compliqué car il nécessitait un guidage complexe et précis ainsi que l'utilisation de fusées à plusieurs étages pour mettre en orbite autour de la Terre ces "observatoires spatiaux". De plus les deux grands gouvernements ne voient aucune urgence à l'envoi de satellites. Il faudra attendre la fin des années 50 pour qu' enfin l'URSS lance le fameux Spoutnik-1.